France, 1907 : Travailler inutilement à quelque chose, où n’y rien comprendre. « L’aventure me passe et j’y perds mon latin. » (Molière.) C’est-à-dire : le latin que j’ai appris ne me sert de rien. « J’avais, dit le chevalier de Grammont, tellement le jeu dans la tête, que le précepteur et les régents perdaient leur latin en me le voulant apprendre. » « Être au bout de son latin », ne savoir plus que dire ni que faire.
L’expression perdre son latin est fort ancienne, car on la trouve dans un poème de la première moitié du XIVe siècle, époque où le latin était la langue courante des savants de tous les pays d’Europe :
En el mois de setembre, qu’été va à déclin,
Que cil oisillons gays ont perdu lore latin,
Vie de plaisir et mort de saint.
Le diable y perd son latin.
On dit aussi, mais plus rarement, perdre son allemand.
Ces êtres s’aimaient jadis,
Mais qui viendrait le leur dire
Ferait éclater de rire
Ces bouches du Paradis.
Bah ! le baiser, le serment,
Rien de tout cela n’existe :
Le myosotis tout triste
Y perdrait son allemand.
(Victor Hugo, Chansons des rues et des bois)